Prise au vent

Brigitte Chartreux

10 janvier au 26 février 2022

Chère Brigitte,

Quel plaisir d’accrocher avec toi tes photographies sur les murs de la MIP.
Quel bonheur de découvrir tes compositions savamment encadrées, douces, intimes, aux lignes de force si présentes. Chaque image invite à s’approcher, à suivre le chemin des infinis détails que la nature nous offre. Il s’en dégage une quiétude empreinte de poésie.

Afin de saisir le détail d’un élément végétal, il vient naturellement au photographe de s’allonger à même le sol équipé d’une optique macro dernier cri. Toi, tu décides d’arpenter la nature sans appareil photo. Tu emportes l’essentiel, ton regard. Tu jouis alors de la plénitude, de l’harmonie avec la nature, comme tout promeneur. A la différence que ton regard sait aussi bien scruter l’horizon que capter le détail le plus ténu. La photographie commence pour toi par une quête botanique au fil d’une promenade. Mais l’acte photographique pur se déroule loin des chemins que tu sillonnes. Tu emportes un végétal sur lequel ton œil s’est arrêté puis tu l’immortalises sur fond uni, dénué de tout décor. Je découvre tes images une à une, toutes uniques, toutes unies par ton intention.

Il y a l’écho de cette conversation autour d’un café où tu m’avouais ne pas te référer aux travaux de William Henry Fox Talbot et Anna Atkins ni même aux créations de Karl Blossfeldt dont tu te sens si proche. Cela me rappelle une interview du peintre Beksinski qui déclarait « J’ai certainement été plus heureux au temps où mon ignorance me donnait encore l’impression d’avoir le premier eu l’idée d’un tableau ». C’est justement ce détachement qui me touche le plus. Loin des dessins photogéniques, photogrammes ou autres rayogrammes, tu portes un regard neuf et personnel sur un des sujets photographiques les plus anciens. Je perçois dans ton œuvre cette nécessité d’extraire ces végétaux du réel pour se concentrer sur leur essence même, s’émerveiller d’une ligne, d’une courbe, d’une forme. Cela me rappelle mon enfance, mes tentatives d’herbiers, ces feuilles que je regroupais dans un cahier aux pages gondolées, un trésor à mes yeux.

Parcourir les grandes lignes de ta carrière professionnelle, c’est constater à quel point tu t’es investie au sein de grandes structures culturelles. Aujourd’hui, peut-être qu’à l’image de ces végétaux, tu as su t’extraire du contexte professionnel pour apparaître à nos yeux tel que tu es fondamentalement : une artiste. A la fierté d’accrocher tes créations se mêle cette citation de Gustave Moreau qui illustre à merveille ta démarche : « Être moderne ne consiste pas à chercher quelque chose en dehors de tout ce qui a été fait. Il s’agit au contraire de coordonner tout ce que les âges précédents nous ont apporté, pour faire voir comment notre siècle a accepté cet héritage et comment il en use ».

Encore merci pour ce partage.
Patrice.

32 Tirages Fine Art mis sous cadre par « E.G. encadreurs »
Format de l’image 7,5 x 11,5 cm – cadre 16,5 x 19 cm

Tarif des photographies :
75€ l’unité
200 € le triptyque

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