Memory Lane

Memory Lane

Guillaume Zuili

La première chose qui m’a percutée à propos ce livre, c’est son titre, « Memory Lane ». Je l’ai trouvé poétique. Parlant. A l’intérieur, les photos sont granuleuses. Le papier est agréable au toucher. On pourrait presque lire les photos en fermant les yeux, saisir d’une caresse le relief de chaque grain sous l’épiderme des doigts. Non je plaisante.  Pardon, j’ai des envolées lyriques parfois.

Les pages sont noires de suie. On ne sait pas trop où on est, ni dans quelle direction on marche le long de cette balade solitaire proposée par l’artiste. On déambule, hagard, entre les façades inertes d’une industrie que nous ne voyons jamais. Et qui pourtant orchestre les rouages de nos vies depuis des décennies. Entre les tuyaux, les poutres métalliques, les grillages, les grues et les cheminées, jamais d’ouvriers, ou presque. Pourtant ils sont là, on les devine quelque part dans l’immobilité de ces paysages déserts. En retrait dans les noirs des tirages Lith que Zuili décline à l’infini, il y a l’humain. Le carburant indispensable. L’époque s’estompe, indécise. Le réel est lointain. Le réel est présent sans être restitué. Le réel nous sourit derrière un voile de brume. Comme une anecdote à partir de laquelle le photographe déroule en silence son écriture contrastée.

Un truc sympa : les images en surimpression. Plusieurs clichés superposés, dont les éléments s’imbriquent les uns dans les autres. Zuili redistribue la lumière, la sculpte de manière à ce que les images mêlées communiquent entre elles. Unies par un même récit.

Article : Charlotte Dubost

Photo : Patrice Forsans / Assistant : Anatole Descourvieres

 

A découvrir dans la bibliothèque de la MIP.
144 pages – format : 20 x 24 cm.
Editions Maison CF

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