Man Ray – Les Instigatrices

Man Ray

Du 01 juillet 2022 au 30 septembre 2022

Man Ray et ses instigatrices

Peu avant la première guerre mondiale, de nombreux peintres de Montmartre installent leurs ateliers à Montparnasse, qui devient le coeur de la vie artistique. Parmi eux Picasso, Matisse, Soutine Chagall. Montparnasse est un tournant dans l’histoire de Man Ray. Peintres, écrivains, poètes et modèles se croisent dans des brasseries comme la Closerie des Lilas, le Dôme, la Rotonde ou la Coupole. C’est dans ce quartier, en 1921, que, tout juste débarqué de Brooklyn, Man Ray retrouve Marcel Duchamp et devient l’ami de nombreux surréalistes dont Tristan Tzara.

Mais ce n’est pas tout. Au coeur de cette profusion de rencontres et d’échanges, il finira par rencontrer Kiki. Pour lui tout commence et finit amoureusement à Montparnasse. Qu’elles aient été ses muses, égéries, amies de connivence, admiratrices, créatrices comme lui, simples passantes ou clientes devant son objectif, les instigatrices sont ces femmes singulières qui ont laissé leurs empreintes dans l’oeuvre d’un artiste emblématique du surréalisme.

En exposant ces 53 images, nous rendons hommage à ces femmes, tout autant qu’à Man Ray.  Ce dernier, précisons-le, se considérait peintre mais ne s’est jamais reconnu photographe en dépit de l’oeuvre phénoménale qu’il lègue à la postérité , aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de la photographie… une bagatelle.

Au delà du talent, les photographies de Man Ray révèlent un goût immodéré pour le jeu: le plaisir avant tout. Dans ce climat d’après-guerre, on veut affranchir l’art des entraves de la rationalité. L’expérimentation est permanente: Man Ray explore les intersections entre la peinture, le graphisme, la sculpture. De Kiki de Montparnasse à Juliet en passant par Lee Miller, Dora Maar, Berenice Abbot, une fascination mutuelle s’exerce entre le maître et ses modèles. C’est sur un pied d’égalité et avec leur propre univers que Man Ray les invite dans sa création. Ses modèles sont ses partenaires.

Les Années 20, ce sont aussi les premiers pas du cinéma. Rien n’est encore formaté, c’est un champ nouveau ouvert à toutes les expérimentations. De nombreux artistes s’y essayent. Man Ray n’y échappe pas.

Avant son arrivée à Paris, il filme avec Marcel Duchamp le pubis d’un modèle nu au fur et à mesure qu’il est rasé, puis réalise un film stéréoscopique. Ces deux essais sont perdus. C’est en France qu’il réalisera l’ensemble de l’œuvre cinématographique que nous connaissons aujourd’hui. Le cinéma, qu’il pratique hors du système industriel comme un artiste-artisan, est l’art qui débride ses conceptions artistiques, par lequel et dans lequel il innove : « Pas d’histoires, pas même de scénarios, chaque film offert au public est l’aboutissement d’une manière de pensée aussi bien que de voir ». Nous nous aventurerons dans cet univers au cours de deux Ciné-terrasses. Les projections que nous vous proposons: Le retour à la raison, L’étoile de mer, où l’on retrouve Kiki de Montparnasse, Emak Bakia, cinépoème et les Mystères du château de Dé, coréalisé avec Jacques André Boiffard. Venez donc vivre avec nous le cinéma au milieu de la ville, au milieu de la vie.

Alors voilà, Man Ray se retrouve à la MIP. C’est surréaliste, dans les deux sens du termes. Surréaliste et si évident à la fois quand on pense à l’histoire de l’artiste, à ses affinités avec les brasseries de Montparnasse. Ne serait-il pas heureux de voir, un siècle plus tard, ses oeuvres sur les murs d’un bistrot, au coeur de cette atmosphère qui lui était si chère ?

53 tirages et 14 films. Une exposition en entrée libre et des projections dans une ambiance conviviale. Aboutir à un événement de cette ampleur: un pari gagné pour la MIP.

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