In Situ
Jessica Longin
23 août au 23 septembre 2021
Jamais rien n’est prémédité, arrangé ou mis en scène. La puissance brute des photographies de Jessica Longin instaure une vérité, la sienne, saisie dans l’urgence, la spontanéité d’une rencontre avec une atmosphère, un lieu, propice à l’épanchement, dans l’humeur du moment. Et la lumière qui traverse ses images révèle en clair-obscur les tourments de son âme.
Sans narcissisme ni exhibitionnisme aucun, ces autoportraits, aussi souvent dénudés soient-ils, exposent de façon instinctive l’exaltation de l’instant.
Jessica Longin photographie comme elle marche, vite, en communion avec la nature, presque violemment, dans l’isolement de la confrontation avec son corps, l’état d’esprit qui est le sien à ce moment. Elle reconnaît que photographier a pour elle vertu thérapeutique par « le besoin de mettre mes émotions quelque part, dans du beau, plutôt que les garder en moi. »
Une clairière, un étang, un belvédère, un chemin de campagne, une chambre, un sous-sol, la sortie d’un déversoir, de la promesse d’une aube éclatante à l’ambiance glauque de l’enfermement intime, Jessica Longin sublime les sensations qui la traversent avec un sens du cadre et de la lumière instinctif.
La photographie s’est imposée à elle comme une évidence. Elle en use avec ce qu’elle a sous la main et en expérimente les limites matérielles. Elle ne cherche pas le confort mais la rudesse du transport et l’intensité de la révélation. Ne vous fiez pas à la douceur et la volupté apparente de ses images, elles dissimulent autant d’euphorie que de vertige.
Fédéric Jimenez