Dramagraphies – Michel Lagarde

Dramagraphies

Michel Lagarde

Alors que j’écrivais cet article, un doute m’est venu sur le sens précis du mot exaltation. Entre les pages du Larousse que je trimballe dans ma poche en toutes circonstances, j’ai lu : état de surexcitation psychologique habituellement associé à l’euphorie.
Bon bah voilà, tout est dit, j’ai fini mon article.

Ça fait un bien fou de voir quelqu’un qui s’éclate dans sa création.
Michel Lagarde le fait, pour de vrai.
C’est-à-dire qu’il ne cherche pas à être comme il faux.
Il va au bout de son extravagance, au fond du désordre qu’il a dans le sang.
Bienvenue dans son imaginaire. Un doux dingue (personne farfelue mais sympathique et souvent créative) nous invite à le prendre en flagrant délire. Vertiges, emportements et déraillages garantis.
On embarque ?
A grand renfort de grimaces, de positions biscornues, de gesticulations en tous genres, Lagarde se démultiplie. C’est toujours lui, partout. Et pourtant chaque protagoniste qu’il incarne communique sa propre personnalité. A ce propos, je me demande sérieusement si notre ami ne serait pas atteint d’un léger trouble dissociatif de l’identité.
En même temps, il est présent sous chaque façade qu’il se compose. Il est là et nous empoigne, ce rêveur bancal qui débloque, se tient n’importe comment et s’obstine à nous entrainer vers une autre époque.
Bienvenue dans ses fantaisies, éparpillées sous nos yeux avec en prime un accueil frénétique. C’est fou, on ne peut pas s’empêcher de se raconter des histoires dès qu’on ouvre le livre. D’ailleurs, les images sont ponctuées de textes nés de plumes variées, qui bossent dans le théâtre, l’architecture, la photo, la littérature… La beauté dans tout ça, c’est que tous les écrits sont raccord. Leurs auteurs ont préféré esquisser des récits plutôt que de disséquer les images du photographe à la lumière de leurs connaissances. Et pourtant techniquement, il y a matière à discourir, c’est du bon. Mais on l’oublie, car ce qui est encore plus saisissant c’est cette effervescence dans laquelle Lagarde infuse ses images.
Attention tout de même, se risquer aux extrémités de son imaginaire en ébullition, c’est s’exposer à certains débordements, car c’est indubitable, l’esprit de notre hôte présente des bords déments.
Et puis pour une fois, faites l’effort de lire la préface et la postface, elles valent le coup.

Article : Charlotte Dubost

Photo : Patrice Forsans

 

A découvrir dans la bibliothèque de la MIP.
100 pages – format : 31 x 31 cm.
Co-édité par les Editions du Petit Oiseau et l’APPPF.

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